28 avr. 2016

Jour 5 - Kingman - Grand Canyon. Où on en prend plein les yeux !

Ce matin, je suis un peu surexcitée : dans quelques heures on sera au Grand Canyon ! Le truc dont je rêve depuis des années, et plus encore depuis que j'ai commencé à préparer le voyage !
En plus, j'ai réservé une petite surprise à Mehmet pour son anniversaire, et on a tous les deux très hâte de la voir.

Le temps de rendre les clés du motel et d'acheter la tasse de la route 66 que j'avais repérée la veille dans la vitrine (à un prix imbattable, si j'en crois toutes celles que j'ai vues ensuite), dans laquelle je bois d'ailleurs mon café au moment où je vous écris, et on sillonne une dernière fois Kingman pour faire le plein en essence, en eau (il paraît qu'on va crever de chaud, au Grand Canyon, et on sera en camping), et en argent. Il est encore tôt et on a à peine deux heures de route à faire, donc on décide de faire un tour au petit musée de la route 66 qu'on n'a pas eu le temps de faire la veille, avant de partir.
C'est là qu'on le voit enfin : l'emblème de la route 66, dans toute sa laideur et toute son histoire.
Comme j'adore Cars et que Radiatorsprings a été inventé à partir de Kingman, j'avais particulièrement envie de le voir. Happy me !


Le musée, juste derrière, n'est pas bien grand mais plutôt bien fait. Il est tenu par les retraités du coin qui sont adorables ; pas cher (il me semble que c'était 4 $ par adulte, et ça permet aussi d'entrer dans un autre musée qu'on n'a pas eu le temps de faire), et contient tout ce qu'il faut de kitsch et d'Histoire pour contenter les amateurs de l'ambiance route 66. On pensait faire le tour en 15 min, on y est restés deux bonnes heures, nous mettant d'ailleurs un poil en retard pour la suite des événements... Mais ça valait le coup, on s'est bien marrés !


Oh yeah.

Objets typiques, reconstitutions des différentes voitures selon les époques, de la calèches des pionniers aux jolies voitures de collection ; reconstitution également des rues telles qu'elles étaient à l'époque, des pompes à essence selon les périodes de l'histoire... C'est amusant, c'est aussi instructif (on nous raconte progressivement tout le parcours de la route 66, de sa création à ce qu'il en reste aujourd'hui), et on a un peu l'impression d'être plongés dans un autre monde.




A l'étage inférieur, on a même une exposition sur toutes les voitures électriques, réelles ou à l'état de prototype, qui ont existé. Et on fait des découvertes surprenantes...

Je vous présente la première chaise roulante électrique !

A ce stade, on a donc bien rigolé, on est plus ou moins tout seuls dans le musée et, forcément, quand on nous lâche dans ce genre d'endroits, il faut s'attendre à... Hum. Les photos parlent pour nous.




C'est donc dans la bonne humeur et avec un brin de folie qu'on reprend la route. Direction : le Grand Canyon ! On avait prévu de s'arrêter dans quelques bleds emblématiques de la route 66 mais, vu l'heure et vu nos expériences de la veille avec des villes fort peu engageantes, on décide d'aller directement à notre destination. On fait quand même une étape rapide par Williams, que j'avais vue dans la plupart des guides, et qui est effectivement assez mignonne. De toute façon, on avait faim, il fallait bien trouver un fastfood ^^




 Cette fois, on quitte pour de bon la route 66, qui continue vers la Floride, pour bifurquer un peu plus au nord. Il nous faut moins d'une heure pour atteindre Tusayan, la petite ville qui est juste à l'entrée du Grand Canyon (rive Sud, la plus touristique), où se situe notre camping. On a rendez-vous à 16h30 pour la surprise, donc on décide de monter la tente tant qu'il fait jour.


Pause bon plan : loger à l'entrée du Grand Canyon, c'est super cher et c'est difficile de trouver une place moins de six mois à l'avance. Au gré de mes pérégrinations sur le web avant de partir, j'ai trouvé un petit camping à 10 $ la nuit, à 15 min en voiture du Grand Canyon, avec possibilité de réserver un emplacement en avance : le Ten X campground. Le principe est simple : il n'y a personne pour tenir les lieux, on met les sous dans une enveloppe ramassée par le gardien quand il vient faire sa ronde. La contrepartie : pas de douches et des toilettes sèches pas très engageantes. Mais pour une nuit, si on n'a pas envie de payer 250 $ d'hôtel et que l'autre camping de Tusayan (à 35 $, douches payantes en plus et accessibles à nous aussi) est plein, ça vaut franchement le coup !

On découvre donc un bel emplacement au milieu de la forêt, bien au calme (avec table de pic-nique et emplacement barbecue à côté).




Hop, ça y est, on est prêts pour la surprise ! A 5 minutes de là se situe l'aérodrome de Tusayan... dans lequel j'ai réservé un tour en hélicoptère au-dessus du canyon, pour l'anniversaire de Mehmet ! 


C'est notre baptême en hélico à tous les deux, et j'ai tellement hâte de voir le canyon que je me soupçonne d'être insupportable :) Il y a plein de terminaux ; on se fait confirmer qu'on est bien dans le bon, on attend qu'on nous appelle en regardant les consignes de sécurité... on attend encore... et encore... Plusieurs groupes partent, pourtant arrivés après nous. Finalement, c'est l'hôtesse d'accueil qui vient nous voir : elle s'est trompée, on n'est pas au bon endroit ! Elle travaille la plupart du temps dans un autre terminal et, par habitude, nous a confirmé qu'on y était.
J'ai juste le temps de paniquer qu'elle nous rassure tout de suite : une navette nous attend déjà pour nous y emmener, et nous ramènera au retour. 10 minutes plus tard, on est devant notre hélico et prêts à décoller. Ouf ! (Et bravo l'organisation.)

On nous met un casque sur les oreilles, avec un peu de blabla pendant qu'on survole la forêt (du doux nom de Kaibab forest, qui nous fait beaucoup rire). Mehmet filme tout. Je tends le cou pour apercevoir le canyon. Et soudain : dans le casque, la musique de Star Wars remplace le blabla et il apparaît devant nos yeux, tellement grandiose que j'en oublie de respirer.


Quand on arrive au-dessus, j'avoue avoir les larmes aux yeux. Mehmet continue de filmer ; moi, j'oublie complètement de prendre des photos et j'écarquille les yeux en essayant d'appréhender la taille de ce paysage immense qui s'étend à perte de vue. Les dégradés de rouge, de bleu et de vert me donnent l'impression d'être transportée ailleurs, presque dans un autre monde.


La musique du générique du Seigneur des Anneaux remplace celle de Star Wars, suivie par quelques explications sur la formation de la roche et du canyon. Le vol dure une trentaine de minutes ; juste assez pour avoir bien le temps de profiter de la vue, sans que le goût de "trop peu" ne gâche la visite.
C'est grandiose, et je ne regrette pas une seconde d'avoir craqué ma tirelire (150 $ par personne tout de même) pour ce petit extra. Ca reste sans conteste un de mes meilleurs souvenirs du voyage.
D'ailleurs, une fois au sol, on n'a qu'une envie : retourner voir cette merveille et prendre le temps de la contempler jusqu'à plus soif. Il est 17h30, et j'ai bien sûr prévu de regarder le soleil se coucher sur le Grand Canyon avant d'aller dîner !
Sitôt dit, sitôt fait : 15 minutes plus tard, on est à l'entrée du parc, où on achète notre pass annuel qui donne libre entrée dans tous les parcs nationaux des Etats-Unis (80 $ le pass, un par voiture, contre 25 $ l'entrée simple - rentable seulement si on fait plusieurs parcs nationaux, donc, ce qui est notre cas). 

Sur la route qui mène au parking, on croise quelques copains qui se sentent chez eux.
Et puis, hop, nous y voilà : le chemin qui longe le canyon par le Sud et nous mène de point de vue en point de vue. Il y a une carte, mais je suis trop absorbée par la vue pour me soucier de l'itinéraire, alors on se promène simplement là où mes pieds et mes béquilles peuvent me porter, en s'arrêtant aux points de vue remarquables.




C'est... Ouah. Je n'ai pas de mots pour décrire ces jeux de lumière, cette roche rouge, blanche ou violette selon l'éclairage, parsemée de végétation. Il fait chaud, mais pas tant que ça, et l'odeur des épineux nous environne. Le vent est calme ; les touristes aussi, pour la plupart. Chacun regarde, s'approche, commente à demi-mots, comme s'il craignait de déranger ce paysage qui semble vivant. Chaque pas, chaque détour nous offre une vue différente, et je prends une photo toutes les deux minutes, sans avoir jamais le même paysage. 





Mehmet s'aventure sur des avancées de roche pour éprouver le vide ; je suis frustrée de ne pas pouvoir l'accompagner (à ce moment, je vous jure que je déteste mes béquilles), alors je me venge en le mitraillant de photos.



 La beauté du paysage me fait vite oublier la douleur qui commence à pulser, et je trouve la force de continuer à longer le canyon jusqu'au coucher du soleil, sans penser au retour.
Pas de chance : quand le soleil commence à décliner, il est caché par une avancée de roche qui me semble beaucoup trop loin pour l'atteindre à temps. J'ai mal, mais j'accélère quand même, bien décidée à voir ce coucher de soleil dont je rêve depuis des années.


En fin de compte, on arrive juste à temps pour voir les dernières lueurs orangées dans le ciel, sous un canyon devenu bleu roi. Les nuages nous empêchent de contempler les roches qui prennent feu sous les rayons du soleil rouge, mais ça reste splendide. Je me sens tellement petite, ici, insignifiante, et à la fois fière de faire partie de ce monde incroyable. On reste là, silencieux, à regarder les montagnes  et le ciel changer de couleur, plus mystérieuses encore à présent que la nuit est tombée.



Quand la dernière lueur du jour disparaît, on n'a pas envie de rentrer (et j'ai trop mal pour faire le chemin du retour). On longe encore un peu le canyon, presque effrayant. C'est un gouffre sombre, désormais, on distingue l'ombre des crêtes les plus hautes au-dessus d'un trou béant, comme une crevasse dans la Terre. On aperçoit une cabane avec de la lumière à l'intérieur, et une grande baie vitrée qui donne sur le canyon ; une boutique et un "tourist center", avec des explications sur le canyon. On entre pour se reposer un peu en profitant de la vue vertigineuse depuis la baie vitrée à flanc de falaise. Là, pendant que Mehmet parcourt l'exposition et la boutique, je me rappelle l'existence d'une navette qui longe les points de vue et dépose les touristes aux plus grands points d'intérêts. C'est gratuit, et l'idée de rentrer en bus jusqu'au parking me réjouit assez pour que je trouve l'énergie de me lever et demander confirmation à la caisse. Ouf : la dernière navette n'est pas encore passée et elle dessert bien le parking !
C'est donc le coeur léger et la tête pleine d'images inoubliables qu'on rentre à la voiture ; on s'arrête au passage dans un fastfood pour dîner (oui, on en a marre des fastfood mais c'est le seul truc pas cher et ouvert tard qu'on trouve dans le coin), et on s'installe dans la tente pour la nuit.
Je dors assez profondément pour ne pas m'apercevoir de la visite d'un animal, qui laisse des traces de sabots sur l'emplacement et emporte le trognon de pomme que je n'avais pas eu le temps de jeter... :)


A demain les amis !