23 août 2016

Jour 9 - Bryce Canyon - Zion National Park. Des beaux cailloux et de la fatigue

Après le rythme effréné des derniers jours, la fatigue se fait sentir en ce 9e matin du road trip. On traîne un peu au lit (par ailleurs fort confortable), si bien qu'on n'arrive à Bryce Canyon que sur les coups de midi, alors qu'on est juste à côté. 
Beaucoup m'ont dit que ce parc était leur préféré du voyage ; pour ma part, ça n'a pas été mon cas, mais pour le coup je pense qu'on peu blâmer le combo fatigue + cheville récalcitrante. Arrivés au parking, on prend la navette (toujours gratuite) qui nous dépose aux quatre points de vue principaux du parc. On choisit de commencer par le plus éloigné.

L'effet "wow" est bien là : les "hoodoos", ces formations rocheuses allant de l'orange au blanc, sont impressionnants, et on a peine à croire que ce paysage est naturel. Laissons plutôt parler les images :)





Sympa, hein ? Malheureusement, il n'y a que quatre points de vue accessibles en navette (et encore, il y a déjà de la marche en montée et sol sableux pour en atteindre certains), et vu la pente des chemins qui circulent entre les hoodoos pour descendre dans la vallée, il est impensable que je m'y aventure. La visite se passe donc sur le thème de la frustration et, même si on en prend plein les yeux, je ne ressens pas l'émerveillement des jours précédents, face à l'immensité des paysages.

En revanche, je me fais un copain ! :)

J'admire quand même les fenêtres troglodytes et les dégradés somptueux sur les roches le long des quatre points de vue. La navette passant toutes les 10-15 min, c'est plutôt pratique pour se déplacer dans le parc. Mais, sans pouvoir randonner, pas besoin d'y passer plus de deux heures : les possibilité sont assez limitées. On regarde encore un peu pour la route...



 ... et puis retour à la voiture. Nous avons un peu de route avant Hurricane, où nous attend notre prochain motel ; et nous avons prévu de ne pas prendre la route la plus rapide mais de passer par la "Scenic drive 9", qui traverse le Zion National Park et qu'on m'a vivement conseillée.
Il faut 2 heures pour rejoindre Zion depuis Bryce Canyon. Et, si vous hésitez à faire le (petit) détour par la Scenic Drive, un conseil : n'hésitez plus. C'est vraiment magnifique, et encore très différent de ce qu'on a vu jusque-là. Voyez un peu !




Même la route est rouge, pour s'accorder à ces grosses montagnes ocres encore si différentes de celles qu'on a déjà vues. Le paysage ressemble plus à nos montagnes françaises, mais passées à la peinture rouge. Le spectacle est saisissant, on a envie de s'arrêter partout !

On avait prévu de ne faire que la Scenic Drive, Zion étant un parc de randonnées pas du tout adaptées aux béquilles (il y en a une accessible aux handicapés, mais je ne me sentais pas de faire 1h30 de marche à béquille, même sur un sol stable). Pourtant, charmés par le côté atypique du lieu, nous décidons de nous garer au parking principal du parc et d'aller voir les navettes. En effet, comme pour Bryce Canyon, une partie du parc n'est accessible qu'en navette, et il faut une dérogation particulière pour y mener une voiture personnelle. La navette est explicitement faite pour conduire les marcheurs aux départs de randos... Je demande quand même au conducteur si le paysage est sympa depuis la route, et si ça peut valoir le coup de faire l'aller retour sans descendre. Il nous répond que certains le font, même s'ils nous prend un peu pour des fous. Tant pis : on y va !
Au passage, j'ai un but inavoué : permettre à Mehmet de se reposer. Il est crevé, et n'a pas réussi à faire la sieste dans la voiture. Un tour en navette lui permettra de se laisser porter pendant 45 min.

Mission accomplie ! 5 min top chrono après le départ. ^^

Pendant qu'il roupille comme un bienheureux, je regarde les montagnes défiler, suis la rivière des yeux. Je suis contente d'avoir pris la navette, au final : ça permet de profiter du parc un peu plus longtemps même sans randonner. (Pour info : la rando accessible aux handicapés est le dernier arrêt de la navette, et il paraît qu'elle est vraiment belle.)

Quelques photos pour la route !





Un parc vraiment chouette, où j'aimerais revenir quand mes deux chevilles seront en état de marche, histoire de m'enfoncer entre les rochers et de goûter l'eau de la rivière. Un jour, peut-être ?
En tout cas, ce petit aperçu m'a vraiment donné envie d'en voir plus.




La journée est déjà bien avancée quand Mehmet, un peu reposé, reprend le volant pour les 40 min de route qui nous séparent encore d'Hurricane, une ville qui a pour principal intérêt de se situer entre Zion et Las Vegas, notre prochaine destination. 

Nous logeons au Super 8, une chaîne de motel plutôt bas de gamme, mais qui avait de bons commentaires sur Trip Advisor. En arrivant, je vois sur le papier de la réservation qu'on a deux lits  queen size dans la chambre ; je demande au cas où s'il est possible d'avoir un lit king size à la place. Le réceptionniste nous dit que, normalement, c'est plus cher, mais qu'il en a une dispo et qu'il nous l'attribue pour le même prix. Ca m'étonne, parce que les chambres avec un seul lit sont souvent moins chères que les autres. Mais, OK !

En arrivant à la chambre, en revanche, on comprend pourquoi c'était plus cher... On a eu la suite ! Salon, chambre, salle de bain avec baignoire, et... Spa dans la chambre.





Ma foi... Vu la fatigue qui pèse sur nous depuis le matin, on ne va pas protester ! D'autant qu'on nous promet des gaufres pour le petit déjeuner (inclus dans le prix de la nuit). On arrive juste à temps pour assister au coucher du soleil sur la montagne depuis la chambre.
See you tomorrow, guys !

Motel : Super 8 Hurricane
63 € la nuit
Propre, personnel arrangeant.

5 juin 2016

Jour 8 - Lake Powell - Antelope Canyon - Horseshoe bend - Bryce Canyon. Quand la nature choisit de vous surprendre.

Aujourd'hui va être sacrément chargé : on avait prévu de faire Horseshoe bend hier mais, vu qu'on s'est attardés à Monument Valley, on n'a pas eu le temps. Pour autant, pas question de manquer cet endroit incroyable alors qu'on est juste à côté ! On va donc essayer de le caser quand même, quitte à arriver un peu tard à Bryce Canyon, où on doit passer la nuit.



Réveil assez tôt donc, on prend la douche (payante), et puis on va vers Antelope Canyon, bien conscients qu'il faut réserver la visite à l'avance parce qu'il y a beaucoup beaucoup de monde - surtout à midi, LE moment où le rayon de soleil entre dans le canyon. En passant, on s'arrête sur la rive du lac Powell pour quelques photos.

Le mélange de turquoise et de roche rouge est magnifique.
Et puis, on est repartis !
Il faut savoir qu'il y a deux Antelope Canyon : le "upper" et le "lower". Le lower est un peu moins touristique car pas exposé au fameux rayon de soleil, mais permet une grande balade sans les hordes de touristes autour et est tout aussi spectaculaire. En fait, les locaux le conseillent. Malheureusement pour moi, il y a beaucoup de marches d'escalier pour y descendre et la balade n'est pas sur un sol stable ; il est donc exclu qu'on y aille. Nous avons donc choisi le "upper" qui, lui, est plus accessible à béquilles (attention toutefois, le sol est sableux, et je ne pense pas qu'un fauteuil roulant puisse passer partout). 
Bref : arrivés vers 10h30, nous réservons (sur le lieu du départ) les dernières places pour la visite de 13h. On aurait préféré celle de midi bien sûr, mais tant pis !
On va donc se chercher de quoi manger dans un Wallmart en attendant le départ. A ce stade, on en a tellement marre des hamburgers et des salades bourrées de sauces sucrées et de trucs étranges qu'on rêve à du riz nature... Ce qui, bien sûr, est introuvable quand on n'a rien pour cuisiner. On trouve des chips et de quoi nous faire des sandwich de fortune, qu'on mange dans la voiture avant de partir.
On revient au départ d'Antelope Canyon vers 12h30, comme demandé. On attend sous une chaleur écrasante que nos guides nous appellent et nous parquent à l'arrière de 4x4 qui nous mèneront à l'entrée du canyon. Vu leur accent, on n'entend pas notre nom et, à la fin, on doit papoter un peu avec eux pour être casés quand même dans un des 4x4... Au final, je ne regretterai pas ce quiproquo car notre guide était génial (alors qu'on a entendu les autres, et on était nettement moins convaincus !).
Voyant que je suis à béquilles, on me propose de me placer à l'avant, à côté du guide, pour éviter les cahots de la route. J'accepte avec plaisir pendant que Mehmet va à l'arrière.



Cela me permet de discuter un peu avec Mike pendant le trajet, et d'apprendre qu'il est guide depuis 2 ans, qu'il vivait avant à Phoenix, qu'il est venu donner un coup de main à un cousin et que finalement, il a adoré ce job et a choisi de le faire à temps plein. 
J'apprendrai après que Mehmet, pendant ce temps, se couvre les yeux et la bouche comme il peut pour éviter la poussière de sable qui vole à l'arrière du 4x4. Mike fait de son mieux pour ne pas rester dans le sillage des autres véhicules pour épargner ses passagers. (Bref : asthmatiques, soyez prévenus !)

Enfin, on arrive devant une falaise dans laquelle on aperçoit une petite fente. En s'approchant, on découvre que la fente est assez large pour laisser passer quelques personnes... C'est là !

Juste devant l'entrée, on attend que ce soit le tour de notre groupe.

On découvre tout de suite que le ballet des visites est bien rôdé : chaque groupe a un temps précis pour voir chaque détour du canyon, et pas question de s'attarder ou de devancer. Cela dit, c'est fait, du moins de notre expérience, avec une grande discrétion et une délicatesse à laquelle je ne m'attendais pas, si bien que je n'ai pas été gênée (ce qui était ma crainte), ni par le monde ni par mes béquilles qui sont particulièrement pénibles dans la foule. Même si j'aurais parfois aimé rester plus longtemps, je n'ai pas été trop frustrée et je suis bien contente d'avoir tenté l'expérience.

La visite est tout simplement incroyable. A chaque détour, une nouvelle forme étrange, un nouvel étonnement. La palette de couleurs, selon la lumière qui entre dans le canyon, contient tellement de nuances qu'on a l'impression de passer entre les mondes. Le guide nous explique comment les prendre en photo pour les mettre en valeur, et connaît tous les réglages et les meilleurs endroits pour nous placer. Ca paye : je n'ai retravaillé aucune des photos prises pendant la visite !
On a raté le fameux rayon de midi, mais n'écoutez pas les commentaires qui disent que ça ne vaut pas la peine de visiter sans ça : ça reste un émerveillement des sens à chaque instant. C'est bien simple : j'ai piétiné pendant 2h, et je n'ai commencé à sentir la douleur qu'à la fin, en ressortant...
Mais les photos parleront mieux que moi. Par ici la visite !

On lève la tête, et on découvre un lever de soleil sur Monument Valley... ;)

Une de mes préférées : j'y vois le baiser immuable de deux mondes. 
Un exemple de couleurs insolites...


Un gros nounours figé dans la roche !

Bon... Le guide a triché : il a mis le sable en haut et éclairé pour la photo. Mais c'est joli ! :)

L'océan au coucher du soleil...

On a peine à imaginer que le vent ait pu sculpter si finement la roche.

J'en ai des dizaines d'autres comme ça, que je ne me lasse pas de regarder. J'ai même joué les anges !

O.K., je me la pète un peu. A ma décharge, je ne savais pas ce que le guide avait en tête quand il m'a dit de poser ^^

C'est donc tout émerveillés qu'on termine la visite d'un de mes énormes coups de coeur du voyage. Moi qui avais peur d'être déçue, j'en ai encore le coeur qui palpite des étoiles dans les yeux rien que d'y repenser ! Je me suis promis de revenir quand je pourrai marcher et de faire le Lower Antelope Canyon, pour prendre le temps d'observer ces merveilles de la nature sans être pressée par le monde.
Vivement !
Au retour, je discute encore un peu avec notre guide navajo, le complimente pour ses photos et le remercie pour la façon dont il nous a conduits là. J'en profite pour lui demander où est Horseshoe bend et s'il pense que je peux y aller à béquilles, et il me confirme que c'est à 10 min de là. Il y a un peu de marche (environ 25 min) en terrain sableux et pentu, mais il pense que c'est praticable. Ca me rassure pour la suite, que j'appréhende, car on m'a mise en garde plusieurs fois sur cette fameuse marche. On va aller voir sur pièces !

Note : la visite du Upper Antelope Canyon est assez chère (dans les 80 $ pour deux, de mémoire) et, la réserve étant en territoire navajo, le pass pour les parcs nationaux ne fonctionne pas. Ca dure environ 2h. Il y a beaucoup de touristes et on ne peut pas se promener à sa guise, pour que chacun puisse tout voir - un guide se charge, avec brio d'ailleurs, de "faire la circulation". Mais, personnellement, j'ai trouvé que ça valait franchement la peine !

C'est donc parti pour Horseshoe bend. En tout cas, on essaie, car notre GPS nous fait des blagues et nous dit qu'il est à plus de 40 min de route - dans le mauvais sens par rapport à notre itinéraire suivant, évidemment. Le guide m'ayant décrit la route, on choisit de suivre ses indications plutôt que le GPS. Celui-ci tient absolument à nous faire faire demi-tour et raconte un peu n'importe quoi (il veut nous faire passer par des chemins privés, ce genre de trucs). Merci le guide : on arrive à destination en 10 minutes, malgré l'entêtement du truc qui nous sert de GPS.
Et, donc, il est 15h, il fait une chaleur à crever et la balade est en plein cagnard, sinon c'est pas drôle. Tant pis pour la classe sur les photos : je dois jouer les warriors, alors je me déguise en warrior en enroulant un truc sur ma tête pour me couvrir. Puis, attelle au pied et béquilles en main, je m'engage sur le chemin, sous l'oeil ahuri des passants qui remontent, et luttent alors qu'ils sont en pleine forme. Bon, j'avoue, je fais la fière mais je n'en mène pas large, un peu effrayée. La descente est pire que la montée (difficile à contrôler avec les béquilles), le sol sableux m'aide un peu en amortissant mon poids.
Et finalement, je ne sais pas trop comment, un pas après l'autre pendant 25 min, j'arrive au bout. Ce sera ma plus grande victoire du voyage. 


Du coup, on l'immortalise !

Et purée, ça valait le coup de suer un peu. Non mais, vous avez vu ça ? 




Ici, le Colorado forme un fer à cheval au fond du Grand Canyon (d'où son nom), dans une sculpture aussi étonnante que magnifique, avec son explosion de couleurs vives. Au coucher du soleil, ce doit être splendide. Entre Antelope et Horseshoe, ce canyon est décidément plein de surprises, s'amusant à défier ce qu'on connaît pour créer des paysages hors normes. Autre coup de coeur du voyage, qui a une saveur particulière, car celui-ci, je l'ai gagné de haute lutte !


Le retour en montée est plus stable, mais aussi plus difficile pour mes muscles ; j'ai moins mal à la cheville mais les épaules et les poignets en prennent pour leur grade. Mehmet prend soin de m'hydrater régulièrement et m'encourage jusqu'en haut, me donnant l'énergie qui me manque pour continuer. 
Enfin, la voiture est là !!!
La clim et le siège sont plus que bienvenus. On prend une petite pause, mais on ne s'attarde pas car il est déjà 17h et on a plusieurs heures de route devant nous. 2, je crois, qui se transforment en 3h, car le GPS fait encore n'importe quoi et, en nous guidant grâce à la carte, on prend la mauvaise route au départ, qui nous fait faire une gros détour. Sauf qu'une fois qu'on est lancés, plus le choix : on doit poursuivre.
La route qui devait être droite et simple est en fait sinueuse, nous fait passer par la rive nord du Grand Canyon (beaucoup moins touristique car en pleines montagnes). La vue est assez monotone (des arbres ou des arbres, vous préférez quoi ?) et, vu la journée qu'on vient de vivre, on se serait bien passés de ce détour imprévu.
Enfin, notre GPS retrouve la raison au moment où on approche de Tropic, un village à l'entrée de Bryce Canyon où on a réservé une chambre. La route commence à devenir plus intéressante, et à ressembler sérieusement à ce que j'ai vu de Bryce Canyon sur Internet. Ce qui augure bien pour la journée du lendemain !


On avait prévu d'aller voir le coucher de soleil sur le parc mais, vu l'heure, on n'est même pas sûrs de pouvoir récupérer notre chambre, donc on renonce. La chambre est là, heureusement, avec la clé laissée sur la porte dans une enveloppe à notre nom. Elle est confortable, avec une pizzeria juste en face qui sauve nos estomacs affamés. On finit la journée en profitant du confort du motel, et on ne fait pas long feu. 

Note : On a logé au Bybee's Steppingstone Motel, qui possède peu de chambre mais de qualité. Il est assez cher (80 $ la nuit, petit déjeuner compris, notre plus grosse dépense logement du séjour), mais se situe à 10 min de l'entrée du parc et reste nettement plus abordable que les hôtels situés à l'intérieur. Les campings étant tous "premier arrivé, premier servi", on a préféré ne pas tenter le diable et réserver un motel, surtout après une journée où ma cheville avait souffert, et 3 nuits de camping d'affilée. Choix que je ne regrette pas.

A demain, Bryce Canyon ! 

7 mai 2016

Jour 7 - Monument Valley - Lake Powell. La magie du sable rouge.

Hier, avant de se coucher sous l'incroyable voûte étoilée de la Monument Valley, on a programmé le réveil pour 5h du matin, heure à laquelle le soleil est censé se lever. On n'est pas du matin, mais pas question de rater un lever de soleil sur un panorama aussi splendide !
De mon côté, je dors comme un bébé. Heureusement que Mehmet, lui, est réveillé par une envie pressante, parce qu'il revient à la tente vers 4h30 en me disant que le soleil avait déjà commencé à se lever et que je devais me lever si je voulais voir la suite. Ouf, on a failli le manquer ! (Comme bon nombre de dormeurs, d'ailleurs.)
Depuis la tente la vue est superbe mais, en remontant vers le parking, on a un meilleur panorama. Alors je prends mon courage à deux mains, j'enfile mon unique gros pull (il y a du vent et l'orage d'hier a bien fait baisser la température), et je sors admirer le point de vue.
Je vais laisser les images parler, en ne vous disant qu'une seule chose : ça valait carrément la peine de faire un effort.




Mehmet, éblouissant !

C'est bô, hein ? 
Mais on est quand même un peu fatigués, alors, une fois le soleil levé, on décide de se recoucher pour terminer la nuit. Le second réveil, bien que plus tardif, est tout aussi agréable que le premier.




Encore un peu groggys, on traîne un peu, on prend le temps de se préparer et de plier la tente, pleine de sable rouge. On en récupère d'ailleurs dans une bouteille en souvenir. Depuis notre emplacement, on voit les voitures partir pour la visite et on est un peu inquiets : le chemin est encore gorgé d'eau et elles reviennent toutes badigeonnées de boue rouge jusqu'au plafond. Or, notre voiture de location a beau être canon, elle n'est pas très haute sur pattes et on a un peu peur de rester coincés quelque part. En même temps, payer 25 $ pour être parqués à l'arrière d'un 4x4 et nous arrêter seulement quand le guide l'a demandé, ça nous botte moyen. 
Habitués à l'ouverture d'esprit des gens et à leur facilité à discuter, on finit par demander à un couple de Français qui en revient s'ils pensent qu'on peut le faire avec notre voiture. La femme nous regarde comme si on s'apprêtait à lui voler sa voiture, et ça nous rappelle un instant (avec un pincement au coeur) qu'en France tout le monde n'est pas aussi communicatif. Heureusement, le mari, lui, semble plus sympathique, et il finit par nous dire qu'on risque de galérer un peu, mais qu'il pense que c'est faisable. Well... Let's go !
La balade est censée durer environ deux heures, et forme une boucle avec un certain nombre de points de vue (une quinzaine, d'après mes souvenirs.) On est aussi censés avoir reçu une carte à notre arrivée sauf que, n'ayant vu personne, on n'en a pas eu, et donc on se débrouille sans (sans trop de mal). 
Au départ, ça descend sec ; sur le terrain boueux, on n'est pas très rassurés. Finalement, on arrive en bas sans trop de mal. 
On se retrouve plongés au coeur d'un décor de film qu'on a vu mille fois, sans jamais appréhender la majesté des lieux. On découvre d'abord d'un peu plus près le paysage qu'on a admiré depuis la tente, sous la chaleur écrasante du soleil de midi.

Bienvenue au pays des cow boys !

La route serpente, à plat, entre ces énormes blocs de roche qui semblent posés là presque par erreur, par pur caprice. Les couleurs à elles seules suffisent à nous couper du reste du monde, et nous sommes heureux de ne pas croiser 50 touristes à la minute pour pouvoir profiter pleinement de ce paysage à couper le souffle. Au lieu des deux heures prévues dans les guides, je pense qu'on y passe facilement le double, sans voir le temps passer.
On prend le temps de s'arrêter un peu partout pour ne rien manquer. 

Pas les trois soeurs, en tout cas, qui montent la garde à l'entrée du site.


Ni l'éléphant, même si on a mis longtemps à le dénicher !

Et surtout pas le chameau et sa caravane.

Le point le plus touristique est situé un peu avant la moitié du parcours, et présente un magnifique panorama sur une bonne partie de la vallée. C'est aussi un départ pour une balade à cheval (qui m'aurait bien plu !), et j'en profite pour faire une photo façon cowboy.

J'avoue, j'ai caché la pancarte "15 $ pour prendre une photo sur le cheval, on accepte les cartes de crédit".
Ca casse un peu l'ambiance.
... et aussi pour jouer avec le mode panoramique de l'appareil photo.

Wow

Ensuite, en vrac, on apporte nos petites pierres à celles du "artist point"...



... puis Mehmet essaie d'en mettre une un peu plus grosse sur le tas, mais décide de la laisser à sa place...



... pendant que je fais semblant de pouvoir escalader un gros caillou, juste parce que c'est trop cool.



Rapidement, pourtant, le chemin devient boueux, avec des gros trous plein d'eau gadouyeuse (certes rouge et très jolie), et heureusement que Mehmet est bon conducteur parce qu'on est passés plusieurs fois à deux doigts de rester coincés ou de devoir faire demi-tour en manquant le reste de la balade.
Un petit aperçu en vidéo (qui tremble, désolée, je suis pas terrible comme cameraman...) pour vous donner une idée du terrain !





Nous sommes donc un peu stressés pendant cette visite et, en même temps, nous avons l'impression que les paysages qu'on va voir se méritent. Avec une route goudronnée, cela aurait été nettement plus simple mais cela aurait perdu une grande partie de son charme... C'est justement au bout de ce chemin particulièrement difficile d'accès qu'on trouve un des plus beaux panoramas de la visite : rainbow point, nommé ainsi pour le dégradé de couleurs qu'on peut y trouver. Mon gros coup de coeur de la visite, alors toutes mes excuses pour la demi-tonne de photos qui va suivre :)

En perspective

En panoramique
En amoureux

En jeux de lumière

En l'air

Comme ça commence à dégénérer, on finit par retourner dans la voiture, le coeur comme un peu plus léger. C'est la fin de la boucle ; le temps de dire adieu à ces merveilles et de négocier quelques trous boueux (et de craindre de ne jamais pouvoir remonter au parking !), et nous voilà prêts à quitter la vallée, un peu plus heureux et beaucoup plus rouges (surtout la voiture).
Nous avons deux heures de route environ (la même route toute droite de la veille) pour arriver au camping, situé sur la rive du Lac Powell - retour, donc, du côté du Grand Canyon, en montant vers le Nord. 

Vroum !

On y parvient en fin de journée. D'emblée, on est un peu déçus par notre emplacement : la pub promettait une tente juste au bord du lac mais, en réalité, on est plus haut, les emplacements sur la plage étant réservés aux camping-cars de la marina. 
Cela dit, après avoir monté la tente, on doit bien reconnaître que la vue a oublié d'être moche, et on se console en regardant un superbe coucher de soleil sur le lac en grignotant notre dîner.


O.K... Y'a pire.

Mais je n'avais pas choisi ce camping seulement pour la vue : encore une fois, il appartient à un hôtel de luxe, à cinq minutes de là, et nous donne accès à sa piscine, son Spa et son Jacuzzi. Après trois nuits de camping et pas mal de route, je m'étais dit qu'on serait bien contents d'en profiter pour se rafraîchir - et que ça ferait du bien à ma cheville.
On reprend donc la voiture pour nous garer sur le parking d'un énorme hôtel avec que des gens très chics. En fait de piscine, il y en a deux, en extérieur, éclairées par des braseros. L'espace Jacuzzi est dehors, lui aussi, juste à côté. Quel délice de s'y plonger, et de nous accorder une petite pause bien-être entre ces aventures ! Rester dans une eau chaude bouillonnante en regardant les étoiles au-dessus de nous, puis nous sécher auprès du brasero, est un vrai régal. Il y a un peu de monde au début mais, comme on arrive tard, on est vite tranquilles. 
Je me fais encore avoir en entrant "par mégarde" dans la discussion d'un couple de français qui trouvaient l'eau des douches froides (on me regarde comme si j'étais une extra-terrestre). C'est que j'ai perdu l'habitude de faire semblant que les autres n'existent pas, moi ! :)
Et puis, après de longues heures à barboter, on finit la soirée près d'un brasero, où on trouve un autre couple de Français qui viennent du camping. Eux sont plus aimables, et on se met rapidement à discuter. Ils font le même parcours que nous, mais en sens inverse, alors on s'échange des tuyaux pour les prochaines journées. J'en profite pour demander si ce que je compte faire le lendemain est accessible si on marche mal, parce que j'ai vu que le terrain était accidenté - ils me rassurent, tout en me disant que ce serait sans doute un peu difficile, mais que ça en vaut la peine.
Le personnel vient nous dire qu'il doit partir, mais qu'on peut rester encore un peu si on veut ; ils nous montrent comment éteindre le brasero quand on aura terminé. L'ambiance est calme, agréable, parfaite pour continuer à se détendre.
Autant vous dire qu'après ça, on a dormi comme des bébés !

Pause bon plan : le Wawheap campground, à environ 15 min de Page (la grande ville proche du Lac Powell et d'Antelope Canyon, nos deux points d'intérêts de la prochaine journée), est plus touristique que les précédents mais pas désagréable. Les emplacements sont grands et assez espacés, les sanitaires en durs pas très loin. Attention, les douches sont payantes et à l'entrée du camping. Le prix est de 20 $ la nuit.
Bon à savoir : on a accès à l'espace bien-être de l'hôtel de luxe de la marina (et même à la salle fitness, mais on n'a pas essayé). 

A demain !



PS : au passage, vous aurez peut-être remarqué que je ne porte ni attelle ni béquilles sur les photos. Hé bien, croyez-le ou non, mais la cheville m'a laissée en paix tout le temps qu'a duré notre séjour à la Monument Valley, lorsque je marchais dans ce sable rouge unique au monde. J'ai même une preuve !





Une vraie bouffée de liberté pour une journée au pays des Navajos, qui donne à mes souvenirs un petit quelque chose en plus, comme une parenthèse magique. Peut-être que là-bas, pendant quelques heures, j'ai trouvé le hozho ; cette harmonie du corps et de l'esprit qui, selon les Navajos, permet de rester en bonne santé ? :)